dimanche 11 juillet 2010

#173 – Pause

Ma princesse, faisons une pause, veux-tu ? C'est trop d'amour, vois-tu. Trop de sexe aussi, comprends-tu ? Tu m'étouffes. Tu ne penses qu'à toi. Tu te moques bien de ce que je peux ressentir. Tu veux gérer ma vie à ma place. Tu décides même de la marque de ma mousse à raser. Tu...


Elle n'a pas attendu 807 tu avant d'enfoncer le couteau dans le cœur de son amant en lui murmurant je te tue.


Sans couteau et sans larmes, les 807 commencent leur pause estivale.

samedi 10 juillet 2010

#172 – Tromperies réciproques

Quand l’un employait son énergie au bien-être de la famille, l’autre rêvait d’aventures de nuits lointaines, de départs pour 807 royaumes fabuleux... Et pourtant, ils continuaient à vivre dans ce no man’s land mutique et asexué où ils élevaient leurs enfants, regardaient la TV, partaient en vacances et achetaient des automobiles familiales à crédit.


C’était leur souci constant de ne pas se causer de soucis l’un à l’autre. Soit qu’ils s’inclinaient devant la médiocrité de leur existence, soit par paresse ou les deux à la fois.


Elle se surprenait à soulever le couvercle de la poubelle de la cuisine pour compter les canettes vides, tandis que, de la salle de séjour, il tendait l’oreille pour l’entendre procéder à cette inspection.

vendredi 9 juillet 2010

#171 – Le jour où tout commence

Celle-là, c'est la dernière... Celle que j'ai foulée en regardant s'effacer ton bolide, mon corps en combustion dans un nuage de particules, celle que j'ai noyée au torrent d'un été caniculaire, un soir d'étoiles filantes, minuscules créatures piquant la nuit de leurs feux, celle qui m'est tombée des lèvres un matin toussoteux quand j'accrochais mes jambes au métro aérien, celle de trop de nuits blanches à poursuivre des ombres... paix à leurs âmes.


J'ai déjà grillé 807 cartouches. C'est la der des ders. Demain j'arrête.


Adieu sèche, clope, tige, grillante, bout doré, goldo, cibiche, piquette, blonde, cancerette, bige...

jeudi 8 juillet 2010

#170 – Les droits du caillou

Article 1 : tout caillou découvert sur la Terre sera par essence appelé caillou, du simple fait d’avoir été reconnu comme tel, et ce sans considération d’origine, de couleur, de compétence, de possessions – voire de présence ou non dans une instance muséale, fût-ce-t-elle à visée didactique ou culturelle –, voire même de propension à un devenir auquel il pourrait prétendre.


Article 2 : tout caillou est déclaré libre d’être un caillou et de se projeter ainsi dans l’avenir, quelles que soient les constructions dans lesquelles d’autres que lui l’impliquent, avec ou sans son vouloir. [...] quel que soit son degré de réflexion par rapport au monde comme il va [...] quelles que soient les charges formulées contre lui par un tribunal s’érigent comme tel [...] et quelles que soient les questions que certains parlants proféreraient pour essayer de faire accroire qu’il n’est pas vraiment un caillou, au rebours de ce que sa nature pourtant démontre. [...]


Article 807 : tout caillou, au vu de ces articles, s’engage à défendre toute cause faisant preuve d’un certain degré de cohérence et donc de défendre l’homme, ne serait-ce que parce que lui, l’homme, a causé dessus. Cette disposition ne possède toutefois pas de caractère obligatoire.

mercredi 7 juillet 2010

#169 – 807 secondes pour un discours

Le prix Chevillard 2009 du meilleur site de 807 est décerné aux 807 pour les 807.


Le prix Garot du meilleur inspirateur de pastiche 2009-2010 est remis à Alexandre Jardin pour avoir inspiré l'Autofictif d'Éric Chevillard, qui a écrit ici son goût immodéré de l'œuvre solaire du père d'Alexandre Rivière.


Pour l'année 2010, les sites de 807 sont priés de s'inscrire dès maintenant et jusqu'au 31 décembre pour la remise des prix qui aura lieu lors de la saison prochaine des 807.

mardi 6 juillet 2010

#168 – Journal intime

Après le départ de N., m’être demandé à plusieurs reprises : un « tiens bon » vaut-il mieux que deux « tu l’auras ma main dans ta gueule » ?


807 fois tourné ma langue dans ma bouche. Puis bu un grand verre d’eau.


Aujourd’hui, rien. Tout comme hier.

lundi 5 juillet 2010

#167 – Mathesis universalis

L’imperfection de la création torture Jean-Rémy, qui ne peut imaginer des séries que parallèles et complètes ; peu importe d’ailleurs le nombre : 24 ou 26, 31 ou 36, Jean-Rémy est prêt à tout. Mais surtout, surtout mon Dieu, autant de dents dans la bouche de l’homme que de cantons dans la Confédération helvétique, de jours dans le mois que de lettres dans l’alphabet.


Si la découverte d’un mille-pattes n’en possédant que 807 a secoué il y a une année, on s’en souvient, la communauté des savants, celle récente d’un parterre de millepertuis aux feuilles perforées 403 fois seulement a mis en ébullition celle des botanistes. Ne parlons pas des pâtissiers qui sont au taquet avec leurs mille-feuilles auxquels plus personne ne croit et qui n’ont pas hésité à faire appel à la crème des avocats pour répondre aux plaintes qui affluent.


Sandra m’annonce fièrement que Lili sait compter jusqu’à cinq : Lili se prépare, Lili surveille sa main gauche grand ouverte, jette un coup d’œil à sa main droite avant d’appliquer chacun des doigts de la seconde à ceux de la première. Bien vu Lili, mais comment sais-tu qu’il y a cinq doigts dans ta seconde main ? Lili lève la tête, me considère incrédule, hésite, regarde successivement son pied gauche et son pied droit, soigneusement, Lili est prise de vertige, hésite encore, se penche, résiste, le temps passe. Lili sourit enfin, elle ne fera pas le pas suivant : c’est fait, Lili sait compter mais Lili ne sera pas contorsionniste.

dimanche 4 juillet 2010

#166 – Dans le fond

Ceux qui, recouverts de poussières noires dans un effort éclairé à la torche, redoutent explosions et effondrements et qui progressent dans des goulots creusés au fur et à mesure, qui ballottés dans quelques rares courants d’air, gagnent du terrain après chavirements et dérives boueuses ; ceux-là, ne se souviennent plus de la destination finale quand /mur de granit/ ils échouent.


Qui descendent encore de 807 centimètres.


Quand soi-même, on redoute les extractions dentaires ou de mémoire.

samedi 3 juillet 2010

#165 – Mépris

Leur caractère superficiel et leur insensibilité lui répugnaient tant qu’il avait envie de se cacher dans un trou quand il les voyait arriver de loin.


Pourtant, aucune n’accordait la moindre importance à l’homme en vareuse qui binait les herbes folles ou portait des cageots. Pour peu, ces femmes élégantes se seraient dénudées 807 fois devant lui, surprises qu’une telle créature puisse avoir des yeux pour voir et des oreilles pour écouter.


Il savait ce qu’on pensait de lui et ça lui était égal. Il avait connu huit cent sept malheurs et s’était noyé dedans.

vendredi 2 juillet 2010

#164 – En homophonie

Elle a ouvert la fenêtre, et ils sont là, dans la ruelle, à l’ombre du catalpa. Elle, sa robe blanche. Lui, censé travailler, rentrer tard, penché sur ses cheveux, qui chuchote des choses.


Allez, vas-y, à elle aussi dis-lui, « sens cette fleur, le parfum de notre amour » (il te l’a faite, celle-là, sous le même arbre et, l’honnêteté veut qu’on l’admette, ça pue, le catalpa, mais tu n’avais rien osé dire).


Elle cesse de l’aimer. Oui, tout de suite. Aujourd’hui. Sans cette histoire, elle aurait continué. Ou peut-être pas. Mais c’est ce qui est agréable, avec la colère. On définit les contours, on cisaille. On se libère du piège, renard qui se dévore la patte. Et on part en boitant.

jeudi 1 juillet 2010

#163 – Arc-en-ciel

Elle m'envoie un arc-en-ciel à chaque fois qu'elle est heureuse. C'est dire comme je bénis les jours de pluie.


Elle vit quelque part au-delà de l'arc-en-ciel. J'aimerais parcourir les kilomètres qui nous séparent, je me rêve oiseau – oie, cigogne – alors que je ne suis qu'un petit moineau.


À partir du 18 août 2010, et ce pendant 807 jours, il se vendra quotidiennement 807 exemplaires de CosmoZ. Et c'est autant de fois que Claro croira entendre la voix de Judy Garland lui fredonner que somouère oveur voeu rêne beau...