samedi 8 janvier 2011

#297 – Petite mort

Assise sur son ventre, silhouette mouvante au-dessus de lui, elle danse sur l’axe douloureux de son âme.


Des éclats d’argent tintent dans l’obscurité. Elle a gardé ses bracelets, froids sur sa peau quand ses mains parcourent son corps. Des gouttes de sa sueur tombent chaudes et gèlent sur son front. Il cambre le dos sous elle. Hauts perchés dans le creux de ses mains, ses seins caoutchouc bourgeonnent et percent ses paumes. Elle bouge autour de lui, bleue sur la nuit où meurent 807 étoiles inconnues d’eux. Il tient ses hanches serrées dans ses paumes. Ondulation circulaire. Succion mouillée. Son souffle, ses yeux, sa bouche.... Il est tout entier dressé dans ses ténèbres chaudes, astre rouge, veineux, douloureux, luisant de mucus, couvert, découvert par le flux océanique. Marée de phosphore. Bleu des profondeurs. Salive, moiteurs. Il aspire, boit le lait de ses aisselles, sa liqueur, s’enivre de son sel. Elle danse, danse sur lui, s’approche et s’éloigne, brûlante, haletante. Quand elle se penche, ses cheveux fouettent son visage, balaient ses paupières. Yeux fermés, yeux ouverts, il tend le cou pour mordre sa bouche au passage comme un enfant sur le manège essaie d’attraper le pompon. O de la bouche, claquement sec, ouvre, ouvre, encore. L’œil noir dans la nuit, aigle humide, prend tout : bouche, sexe, chair et ventre, peau, sang, regard, souffle, souffle et nuit, brûlure, stridence, douleur, râle et souffle, plaisir, souffle, souffle et chute et cri.


Gerbe d’or. En un flash il a tout vécu et tout perdu avant de mourir avec elle de leur petite mort hurlante.

1 commentaire:

Yvonne Oter a dit…

Merci pour cette petite mort revisitée avec énormément de poésie.