samedi 15 janvier 2011

#304 – Entailles

Tout monte comme une vague. Une lame de fond qui part du fond des tripes, dévaste tout sur son passage.
Elle se remplit jusqu’à l’os d’une humeur purulente. L’odeur poisseuse déborde sa tête, sa main crève l’abcès.
Elle ne reconnaît pas cette poupée qui chouine. Elle sent juste, sans la voir, la déformation de sa bouche crispée.
Les mots ne déverrouillent rien.
Elle la pousse.
Rien de grave, rien de méchant.
Juste la détente métallique de son bras, calcifié par une tension forte.
L’enfant bascule.


Maman m’a fait tomber par terre.
Numéro de charme sur les genoux de l’amie de famille.
Dis donc toi, je vais donner le numéro de la DDASS à la petiote !
Elle n’a pas ri.


Elle n’en peut plus de ses successions incompréhensibles d’amour et de méchancetés roides. C’est cela être mère, être toujours submergée. Constater le mal fait. Déjà 807 entailles dans leur histoire commune. Elle ne sait rien faire d’autre. Elle regarde nouée l’enfance scarifiée sur la peau de sa fille.

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