vendredi 23 avril 2010

#93 – Petit éloge de l’égarement

Le chemin ordinaire était fort direct, et le jeu consistait à trouver un trajet qui ne le fût pas. À condition d’aller au-delà de 807 pas.


À la lisière, on vagabonde, on diverge, s’éparpille, joue à cache-cache avec les énergies de la forêt ; puis dans les bois nos divagations s’entremêlent avec celles des porcs errants et des griffons des marécages ; d’ailleurs vers loin, au cœur de ce labyrinthe de cailloux et d’herbes folles, aucune boussole n’indique l'Ouest. Dépaysés, on dépasse les bornes, les kilométriques inclues ; on se déroute des raccourcis ordinaires, azimuts dézingués à tout-va.


Échos de nos égarements, qui rebondissent de chênes en clairières, de carrières englouties en cimes escarpées ; perdition de nos os, qui les satellise dans des zones improbables ou des terrains vaguement indiqués ; Oh, par égard à nos écarts épars, désorientez-nous jusqu’à ces lieux sans appel.

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