La pluie cesse. Au fil de la départementale, le miel des foins coupés, la senteur chauffée des troènes invitent à la sieste mais je n’ai jamais su m’arrêter. Comme si je n’avais pas le temps.
Je conduis machinalement, perdu dans mes pensées. Les kilomètres défilent. Le 807e meurt sur le cadran. Je traverse les premières banlieues d’Île-de-France qui me gâchent le plaisir de rouler. Je me perds dans le lacis des routes et des échangeurs. Le béton colmate le paysage. La ville s’alanguit dans les rayons roses du couchant, percée de meurtrières, hachée de passerelles, grouillante, lacérée par le bistouri des voies express. Elle fuit en perspectives vertigineuses : jetées de béton sans fin, rails de néon, sirènes hurlantes, hypermarchés, jumbo-jets sillonnant le ciel qui vire au violet, à l’est entre les méga tours, paquebots métal et verre, surplombs, voies souterraines, feux clignotants, policiers en ribambelles, gyrophares, ambulances fonçant dans le trafic. Soudain, la réalité de l’environnement m’éblouit. Les panneaux publicitaires forment un corridor hérissé de couleurs. Les chaussées se divisent, se superposent, se multiplient. Les perspectives se pénètrent, se chevauchent. Le vertige ouvre ses parois verticales. Respirer, respirer...
Je ne vois plus rien. Des arcs électriques pulsent sous mes paupières, mon corps accomplit des gestes automatiques. Un zigzag de magnésium vibrionne dans un coin de mon œil gauche, obscurcit peu à peu mon champ de vision. La migraine grimpe l’échelle de ma colonne vertébrale. Le bruit du moteur est cotonneux. Le moteur cale. Je ne bouge plus, les mains sur les yeux, la tête sur le volant. Peu à peu, l’orage fuit au fond de mon œil. Je retrouve la vue. J’examine mon teint sale dans le rétroviseur. Sale comme les façades qui me dominent, gris comme le passant qui m’observe depuis le trottoir. Des coups de klaxon. Je redémarre, la nuque raide, le nerf optique vrillé. Je me répète mon nom. Tout mon être s’y accroche. Ma voix me redevient familière : Calme-toi, calme-toi ! Ce n’est que le monde tel qu’il va et tu n’es rien. Pas de quoi paniquer...
Je conduis machinalement, perdu dans mes pensées. Les kilomètres défilent. Le 807e meurt sur le cadran. Je traverse les premières banlieues d’Île-de-France qui me gâchent le plaisir de rouler. Je me perds dans le lacis des routes et des échangeurs. Le béton colmate le paysage. La ville s’alanguit dans les rayons roses du couchant, percée de meurtrières, hachée de passerelles, grouillante, lacérée par le bistouri des voies express. Elle fuit en perspectives vertigineuses : jetées de béton sans fin, rails de néon, sirènes hurlantes, hypermarchés, jumbo-jets sillonnant le ciel qui vire au violet, à l’est entre les méga tours, paquebots métal et verre, surplombs, voies souterraines, feux clignotants, policiers en ribambelles, gyrophares, ambulances fonçant dans le trafic. Soudain, la réalité de l’environnement m’éblouit. Les panneaux publicitaires forment un corridor hérissé de couleurs. Les chaussées se divisent, se superposent, se multiplient. Les perspectives se pénètrent, se chevauchent. Le vertige ouvre ses parois verticales. Respirer, respirer...
Je ne vois plus rien. Des arcs électriques pulsent sous mes paupières, mon corps accomplit des gestes automatiques. Un zigzag de magnésium vibrionne dans un coin de mon œil gauche, obscurcit peu à peu mon champ de vision. La migraine grimpe l’échelle de ma colonne vertébrale. Le bruit du moteur est cotonneux. Le moteur cale. Je ne bouge plus, les mains sur les yeux, la tête sur le volant. Peu à peu, l’orage fuit au fond de mon œil. Je retrouve la vue. J’examine mon teint sale dans le rétroviseur. Sale comme les façades qui me dominent, gris comme le passant qui m’observe depuis le trottoir. Des coups de klaxon. Je redémarre, la nuque raide, le nerf optique vrillé. Je me répète mon nom. Tout mon être s’y accroche. Ma voix me redevient familière : Calme-toi, calme-toi ! Ce n’est que le monde tel qu’il va et tu n’es rien. Pas de quoi paniquer...
5 commentaires:
La suite, la suite! on en lirait bien 807, des pages comme ça....
Chut Magali, ne dévoile pas ma technique, je lui demande des 807, je compile tout ça, et je propose son recueil à l'édition !
M'a coupé le souffle ce texte...
Z'êtes bien gentil mais le roman d'où est (à peu près)tiré cette page ne prend décidément pas preneur...
Un vrai bijou, j'envie un tel talent, bravo !
(Je ne suis pas éditeur, mais le ramage de telle plume mérite milliers de tirages...)
Jean-Claude
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