Regard tourné en dedans, il rit aux passants qui esquivent son matelas barrant le trottoir. Tchin ! Lève sa boîte de conserve pour trinquer à leur santé, bras en étendard, oeil hagard. Une vie qui rouille dans la rue, déborde des sacs empilés par terre : des chiffons noués aux grilles de la résidence, une poupée, les restes d’un repas, des couvertures en pagaille, une radio pour les nouvelles. Un fatras d’objets. Quatre mètres carrés pour écouler toute sa déveine, à ciel ouvert en plein Paris. Le cul entre deux voitures où il s’accroupit, le pantalon aux chevilles laisse apparaître des jambes maigres, des bâtons. Il grogne en m’apercevant, maugrée des mots inaudibles. Se relève, retrouve son matelas et rempile pour quelques heures de sommeil.
Tous les jours, le même trajet : sortie métro Pasteur, puis rue Dutot sur huit cents mètres. À mi-chemin, matin et soir, je croise cet homme au bord de la résidence : sourire aux lèvres, un ange de bitume.
Au 807e matin, la clé sous le matelas. Une tâche d’eau béante sur le trottoir et les chiffons dans le caniveau. Des camions déchargent du sable, les grilles sont démantelées, les ouvriers montent un échafaudage. La résidence se refait une beauté.
Tous les jours, le même trajet : sortie métro Pasteur, puis rue Dutot sur huit cents mètres. À mi-chemin, matin et soir, je croise cet homme au bord de la résidence : sourire aux lèvres, un ange de bitume.
Au 807e matin, la clé sous le matelas. Une tâche d’eau béante sur le trottoir et les chiffons dans le caniveau. Des camions déchargent du sable, les grilles sont démantelées, les ouvriers montent un échafaudage. La résidence se refait une beauté.
3 commentaires:
Les échafaudages des façades cachent 807 fois plus de choses qu'on ne l'imaginent... Un joli 807malgré la tristesse de ce qu'il raconte.
Hiiiiiiii, je voulais dire "qu'on ne l'imagine"!!!
celui là je l'avais pas oublié de texte tellement il m'avait frappé
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