mardi 18 mai 2010

#118 – Distance

Ils forment un très beau couple. Avec le temps ils ont commencé à s'adapter à l’autre : mêmes gestes, mêmes paroles, et des blagues qu’eux seuls comprennent. S’il fait du café le dimanche matin, elle lave deux tasses dans l'après-midi. La douche n'est jamais un problème, ils ne se soucient pas de qui se douchera en premier, ni des serviettes mouillées abandonnées sur le sol de la salle de bains.
Ensemble depuis 807 jours maintenant, ils sont parfaitement heureux. Séparément.


Je travaille pour un chat du Cheshire.
Il envoie un email avec un poli « Aliona, pourriez-vous ...? » et disparaît.
Il pourrait être encore sourire à la fin, mais ça je ne peux le dire. Le jour où je le rencontre en personne, je le prendrai dans mes bras, mais tout de suite je veux le gifler...


+7 963 72 90 807
Voix pâle de l'opératrice. Non, je ne veux pas laisser de message...
Deux heures plus tard, son nom clignote sur mon téléphone, je verrouille mon poste de travail en tenant la bête vibrante dans la main et je sors.
– Où diable es-tu ?
– Mourmansk.
Je peux entendre son sourire.
– ... C'est qui cette fois ?
– Oh, tu ne le connais pas, il est si jeune et j'en suis tellement dingue. Tu l'aimeras ! Il est doux, et je l'aime
– Jusqu'à quand ?
– Ha ha, elle rit, sa voix claironne : comme d'habitude, pour toujours !
Je soupire et je souris.
– ...
– ...
– Tu le sais, n'est-ce pas ?
– Oui. Je t'aime aussi.
– Tu me manques, petite conne.
– Je serai de retour pour les exams ! Tu l'aimeras !
Elle crie ses dernières paroles et l'écran de mon téléphone devient noir.

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